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Progressez pour dé-stresser !

Écrit par Yann-Yves Biffe.

Comme le disait le philosophe contemporain Laurent Wolf : “I don’t wanna work today… Just take it easy cause there’s no stress ». Il exprimait, en rythme, le fait que le travail est source de stress, et celui de chargé de com n’y échappe pas à en croire un classement récemment publié. Deux solutions sont ici envisagées : devenir chef pour avoir moins de stress (paradoxal mais…) ou ne plus être une femme. Même si ce n’est pas toujours facile, la première option peut s’avérer quand même plus accessible…

 

Le site Career Cast a dressé la liste des jobs les plus et les moins stressants pour 2013 aux Etats-Unis, repris par CadresOnline le 8 février dernier. Dans les 10 métiers les plus stressants selon eux, on trouve n°5 : chargé des relations publiques, n°7 photoreporter et n°8 journaliste reporter. Secouez le tout et vous avez le boulot du chargé de com, non ?

Comment faire alors pour limiter la pression ? Devenir chef… ou devenir un homme. Ou les deux en même temps !

Ca donne à s’inquiéter pour l’encadrement intermédiaire

L’ambition a du bon ! Un certain nombre de salariés se limitent dans leur progression professionnelle car, bien que capables, ils ne souhaitent pas intégrer des postes à hautes responsabilités pour ne pas augmenter leur niveau de stress. Oh surprise, une étude américaine reprise par Quentin Périnel dans le Figaro du 22 octobre dernier montre que « plus un salarié progresse hiérarchiquement dans son entreprise, plus son niveau de stress diminue ».

Selon l’université de Californie, qui a fait des mesures, « les leaders ont des niveaux plus bas de cortisol, l’hormone du stress, et font preuve de moins d’anxiété. » Certes, ils ont des responsabilités importantes et en ont conscience. Mais ils ont une plus grande marge de décision, une liberté individuelle qui leur donne de la prise sur les événements. Car « le stress résulte souvent d’une obligation de respecter les règles ».
De plus, les top managers auraient également acquis une expérience et surtout un équilibre de vie donnant moins de prise au stress. En gros, ils sont bien dans leur corps, bien dans leur tête : selon Jean-Claude Delgènes, docteur spécialiste de la gestion du stress au travail, « lorsque l’on arrive à l’optimum du leadership, c’est qu’on sait se contrôler et qu’on a une parfaite connaissance de soi. »

Les postes les plus exposés au stress seraient finalement l’encadrement intermédiaire. « Le management, c’est comme dans une galère. Il y a ceux qui doivent ramer, et celui qui doit mener une cadence. Et c’est ce dernier qui est le plus sous pression. Il doit à la fois veiller à l’obéissance et à la performance des rameurs et satisfaire le supérieur ultime ».

Ainsi, les cadres encaissent la pression de leur hiérarchie, qui leur propose (voire impose) des objectifs. La logique serait de répercuter intégralement cette pression aux agents d’exécution. Mais ceux-ci, protégés par une fiche de poste plus précise, un cadre légal plus restrictif, des syndicats aux aguets, sont aujourd’hui en mesure de résister, de refuser une part des objectifs ou conditions de travail transmis par l’encadrement intermédiaire et ainsi renvoyer une pression du bas vers le haut. Cet écartèlement, ou plutôt cette position de fer entre le marteau et l’enclume, peut être source de risques psycho-sociaux pour les cadres de proximité.

Les DRH s’emparent de plus en plus souvent de cette thématique avec l’idée de prévenir plutôt que guérir et mènent des campagnes de communication interne sur le sujet.

Ca donne à penser que les femmes sont culturellement plus anxieuses

Sans sous-estimer le fait que des femmes sont maintenues sous le « plafond de verre » es qualité, certaines limitent d’elles-mêmes leurs ambitions car elles ne veulent pas augmenter le niveau de pression sur leurs épaules. Le plus étonnant est que, quels que soient les dispositifs correctifs qu’on pourra mettre en place (obligation de la parité dans les comités de direction par exemple), cet état de fait ne pourrait être modifié, selon la science. En effet, des études laisseraient penser que, statistiquement (c’est bon, là, j’ai pris pas mal de précautions quand même…) les femmes seraient plus sensibles au stress.

Je reprendrai ici deux articles du Figaro quasi textuellement pour ne pas dénaturer leur intéressante argumentation.

Tout d’abord, selon Pascale Senk, dans le Figaro du 12 octobre 2012,  les femmes sont plus perméables au stress et à l'angoisse générés par la diffusion des mauvaises nouvelles. « Une équipe de chercheurs en neurosciences, issue du centre d'études sur le stress de l'hôpital Louis H-Lafontaine, à Montréal, a publié dans la revue PLOS One une étude montrant que le niveau de sensibilité au stress des femmes est augmenté par la «consommation» d'articles négatifs dans la presse, ce qui les fragilise ensuite dans des situations de vie éprouvantes.
Cette découverte de la plus grande perméabilité des femmes aux informations négatives s'ajoute à celle qui avait été menée en 2011 à l'Université de Haïfa et qui avait montré que lorsqu'on fait visionner des actes de terrorisme sur écran, les spectatrices rapportaient ensuite avoir un sentiment de menace plus élevé et moins de ressources psychologiques que les spectateurs. Les explications avancées sont le plus souvent liées à des théories évolutionnistes: «La nécessité de protéger leur progéniture aurait fait évoluer la réaction du sexe féminin au stress, et l'aurait rendu plus empathique», explique Marie-France Marin, co-auteure de l'étude. Une hypothèse qui expliquerait pourquoi les femmes sont plus sensibles aussi aux menaces insidieuses. »
La même journaliste avait déjà rapporté dans l’édition du 23 février que, nonobstant les mauvaises nouvelles, les femmes seraient plus inquiètes que les hommes.
«  Depuis une vingtaine d'années, les études consacrées à l'anxiété ou à la dépression confirment que le sexe féminin est davantage miné par le souci, les pensées ruminantes, la perception de menaces diffuses. Échantillon: 58% des femmes quinquagénaires appréhendent la retraite qu'elles associent aux «difficultés financières» (contre 36% pour les hommes. Note de l’auteur : peut-être à l’idée de passer plus de temps avec leur mari ?). Les femmes intériorisent davantage leurs émotions liées au deuil, à l'isolement ou à la dépression, tandis que les hommes les extériorisent et manifestent davantage de comportements agressifs et délinquants.
Le sentiment de menace vient probablement du simple fait d'être femme: la crainte d'être violée, agressée physiquement serait fichée dans notre inconscient comme dans nos gènes.
Annik Houel, professeur émérite en psychologie sociale de l'université Lyon-II relève que la construction féminine se fait sur le registre de la perte : «Perte du pénis dont ont parlé les psychanalystes, perte des règles avec la grossesse, de la beauté avec l'âge, puis de la capacité à faire des enfants… cela développe aussi de réelles compétences pour rebondir après les épreuves !»
Holly Hazlett-Stevens, professeur de psychologie de Reno (Nevada), met en avant de nombreuses études montrant que ce «sens du souci» est surtout le fruit d'une éducation différente entre garçons et filles: «Les filles sont encouragées à être plus sociales et empathiques. »
Résultat: elles doubleront leur tendance à s'inquiéter pour elles-mêmes et leur sort d'une propension irrépressible à se faire du souci pour les autres ! Elles continuent même, dans leur grande majorité, à en faire leur métier. «Selon Annik Houel, les chiffres confirment que les femmes ont été éduquées pour s'occuper des autres : infirmières, puéricultrices, garde de personnes âgées. Elles exercent des activités dans des domaines où l'on ne peut ni exprimer ni même ressentir ses sentiments ambivalents. Par exemple, quand vous prenez soin de personnes âgées ou quand vous jouez avec des enfants de maternelle, vous ne pouvez vous autoriser à les détester et à le dire !» C'est donc aussi cette impossibilité culturelle de vivre tout le prisme émotionnel qui condamnerait les femmes à ruminer, dans leur coin, de sombres pensées. »

Cette théorie de la vocation du service aux autres explique en partie pourquoi les femmes sont majoritaires dans nos collectivités… mais pas pourquoi elles sont minoritaires dans les comités de direction.
On pourra en tirer deux enseignements pratiques : chères consoeurs, plaignez-vous plus au bureau pour évacuer le stress, et éloignez-le un peu plus en prenant la direction des opérations !