Communication publique, communication numérique, internet et réseaux sociaux, nouvelles technologies, management, marketing territorial, fonction publique, collectivités locales…

Imprimer

Twitter, l'oiseau des villes fera-t-il le printemps ?

Écrit par Yann-Yves Biffe.

Twitter, nouveau média social incontournable ? Pour les journalistes, les urbains, les branchés, oui. Pour le grand public, la question se pose avant de s'élancer. Et même en faisant court et synthétique, la réflexion mérite un peu plus que 140 signes ! #Twitter #quel potentielpourlescollectivités ?

 

 

L'intégration de Twitter dans les stratégies de communication des collectivités est maintenant mesurée par plusieurs études ou baromètres, notamment par Adverbia ou l'Institut Edgard Quinet, qui donnent une vue au moins quantitative sur l'utilisation de ce média social par les collectivités publiques. C'est bien pratique pour situer ses propres efforts, et surtout leurs résultats par rapport à ceux de ses collègues. C'est très utile aussi pour donner un panorama dans le domaine à des élus pas forcément au clair sur le sujet... même si c'est aussi frustrant de ne pas pouvoir mettre en face les moyens alloués.
Mais au delà de ce qu'en font les collectivités, il est aussi (ou peut-être d'abord) intéressant de mieux cerner l'usage qu'en font les Français, et le potentiel de l'outil... histoire de voir s'il faut y engager des moyens pour faire comme les autres collectivités, ou pour répondre à un besoin. Une étude réalisée par l'Argus de la presse et Ipsos/ CGI sur 2029 Français en mars dernier, reprise par Influencia le 25 avril, donne des chiffres parlants, en très peu de signes !

 

Ca donne à utiliser Twitter pour cibler les jeunes urbains CSP+

 

Twitter a réalisé une percée médiatique réelle (sur l’ensemble de la population française âgée de 15 ans et plus, près de 9 Français sur 10 ont déjà entendu parler de Twitter (89%). Mais son utilisation ne suit pas. Seuls 5% des Français déclarent qu’ils détiennent un compte Twitter et qu’ils l’utilisent actuellement.

Bon, 5 %, c'est loin d'être un média de masse, mais ça veut quand même dire 2,3 millions de personnes, qui ne doivent pas être négligées, cela va de soi. Cette population se caractérise tout d’abord par sa jeunesse. En effet, 61 % des utilisateurs actifs ont ont moins de 35 ans. C’est également une population légèrement plus masculine que la moyenne avec 55% d’hommes et qui habite davantage en milieu urbain : 67% des utilisateurs actifs vivent dans des agglomération plus de 100 000 habitants. L'Ile de France est identifiée comme un nid de Twittos puisque 33% des utilisateurs y vivent. D'où il ressort que les collectivités rurales qui peinent à augmenter leur nombre de followers ont de larges circonstances atténuantes et peuvent se demander s'ils utilisent le bon outil par rapport à leur cible. Ou plus directement, si ça vaut la peine de continuer...

 

Quel usage font ces 5 % de Français qui utilisent Twitter ? A-t-on trouvé là le média qui réalise parfaitement la vocation d'interconnexion, d'échange paritaire qui devrait présider au web 2.0 mais qui bute sur la loi de participation inégale en ligne, qui montre que sur Internet, moins de 1 % de la population contribue de façon proactive, 9 % participe occasionnellement de façon opportuniste et 90 % des observateurs ne contribuent jamais... sur Facebook y compris, peu ou prou. (cf chronique du 5 juillet 2012 : internet, réseau de voyeurs) Eh bien non. Sur Twitter comme ailleurs, les voyeurs sont les plus nombreux. Dans le sens où, « lorsqu’ils utilisent leur compte Twitter, les Twittos actifs ont davantage une utilisation passive (lecture) qu’active (écriture) ». Près de 6 Twittos actifs sur 10 déclarent lire des comptes Twitter (autres que le leur) au moins une fois tous les deux jours (59%), 31% le faisant même plusieurs fois par jour. En revanche, ils ne sont qu’un tiers (33%) à émettre des tweets au moins une fois tous les deux jours, seuls 13% émettant des tweets plusieurs fois par jour.

 

Twitter apparaît donc davantage comme un moyen d’information que de communication.

 

Ca donne à s'interroger sur la croissance de Twitter

 

Seuls 11% des Français possèdent ou ont déjà possédé un compte Twitter. Parmi ces 11 %, 5 l’utilisent actuellement...et 6 indiquent en avoir déjà eu un mais ne plus l’utiliser. Ce qui signifie que, parmi les personnes qui ont utilisé Twitter, plus d'une sur deux n'a pas été convaincue et a souhaité arrêter. A contrario et dans une vision optimiste, il reste 89 % des Français à faire essayer Twitter, et si 5/11è d'entre eux adhère, cela fait quand même 40 % des habitants de notre pays de plus de 15 ans. Y aurait-il donc un potentiel de développement dans les années à venir pour faire grimper le nombre d'utilisateurs de Twitter ? Selon l'étude, le potentiel de nouveaux utilisateurs de Twitter reste assez limité. La plupart des personnes n’utilisant plus leur compte Twitter actuellement ou n’ayant pas de compte Twitter n’ont pas l’intention d’en créer un ou de l’utiliser à nouveau (93%). Seuls 7% déclarent en avoir l’intention. Parmi eux et sans surprise, les plus jeunes (moins de 35 ans, 10%) ou les hommes (9%) seraient un peu plus enclins à le faire.

 

Des usages alternatifs peuvent cependant accroître l'intérêt pour Twitter. Je pense ici au live tweet qui se propage dans les émissions de télé et permet la connexion entre le 1er et le 2d écran (cf chronique du 6 avril « Le 2d écran : l'interactivité, avenir de la télévision ?). Il cohabite ou supplante de plus en plus l'appel à la participation via SMS, grâce à l'agrégation immédiate et plus vivante apportée par les mots clés fédérateur précédés du désormais fameux # (lire hashtag, et non dièse!).

Il ouvre aussi des espaces de discussion lors d'événements physiques, remplaçant la petite remarque murmurée à l'oreille lors d'un spectacle ou d'une conférence. On a vu ou participé à l'apparition de cette pratique lors du dernier forum Cap'Com, notamment lors des Carrefours numériques. A l'avenir, on peut viser à intégrer les remarques apportées via Twitter dans le fil de l'exposé et du débat... à condition de réussir à la faire à temps et non à contretemps, sans ralentir le fil de la discussion... et en ayant trié au préalable le pertinent du totalement futile.

 

Le gazouillis du petit oiseau bleu ne semble donc pas appelé à devenir assourdissant sur l'ensemble du territoire... mais plus dans certaines branches. En fonction de vos objectifs, et selon que vous parlez à de jeunes urbains intellos ou pas, à vous de jugez si vous devez lui donner des graines à moudre !...

 

Illustration Amélie Mahaut.