Tendances 2013 : une année pour reprendre pied ?
Chaque début d’année est un nouveau saut dans le futur proche. 2013 appuiera-t-elle un peu plus sur l’accélérateur technologique et/ou nous ramènera-t-elle sur terre, face aux dures réalités économiques et sociales ? Nous apportera-t-elle de l’espoir ou sera-t-elle marquée par les peurs ? Que doivent proposer nos collectivités pour répondre aux besoins de demain de nos concitoyens ? Personne n’a de boule de cristal foncièrement fiable… mais le croisement des analyses de prévisionnistes inspirés apporte matière à réflexion, si ce n’est à solutions.
« En observant les deux forces qui ont conditionné les vies de milliards de citoyens ces 5 dernières années, la technologie et l’économie, Marian Salzman, PDG de Havas PR en Amérique du Nord, a identifié un changement de direction et de rythme » et dégagé 13 tendances pour 2013, reprises par Influencia.
J’ai rassemblé certaines de ces tendances émergentes, avec d’autres centrées sur le marketing mises en avant par Uniteam, et regardé comment elles peuvent avoir un impact sur nos administrés-citoyens et sur les collectivités.
I – Ça donne à assimiler la crise économique comme un déterminant majeur des nouveaux comportements.
La crise n’est plus considérée comme un passage transitoire pendant laquelle il aurait juste fallu tendre le dos puis repartir comme avant. Les difficultés économiques à tous niveaux déterminent de nouveaux comportements, plus économes, mais aussi plus humbles, ouvrant ainsi de nouvelles opportunités.
La vie est une coproduction et la collaboration est le concept le plus tendance au travail et chez soi ». Cette perspective avait également été mise en avant par Antoine Chotard d’AEC lors de la conférence numérique sur les signaux faibles lors du Forum Cap’Com 2012. « « toi + moi » constitue une sorte d’armure et de protection contre la dureté du monde et nourrit l’esprit pour se prémunir contre les « i » fléaux : isolation et infection. »
Le fait que la puissance publique ne puisse pas tout rentre dans les esprits (doucement). On va se tourner de plus en plus vers elle pour sa vocation première : faire vivre les hommes ensemble, de la manière la plus harmonieuse, et leur offrir les possibilités de créer ensemble et donner corps à ce « co ».
Les politiciens se doivent de déclarer qu’ils ont la solution, sinon ils sont destitués. La négativité n’attire personne, sauf quand elle dénigre l’adversaire. Prenez les crises des subprimes ; personne n’a prêté attention aux lanceurs d’alertes avec leurs prédictions contrariantes de catastrophe imminente. »
Il ne sert à rien d’avoir raison avant l’heure, sauf à mettre en place les moyens correctifs nécessaires pour lutter contre les désordres identifiés. Les grandes annonces n’ont plus d’écho, ou durant une très courte période. Il s’agit de communiquer plus sur les projets et les réalisations que sur les constats.
Le consumérisme sera remplacé par la consommation collaborative et la préoccupation d’avoir plus avec moins grâce à la micro-propriété, ou propriété partagée », ou temporaire (cf. Le bon coin), ou la location.
La puissance publique peut être le bon acteur pour initier les dispositifs, éventuellement à visée sociale au moins au début, permettant de lancer le mouvement du partage : de moyens de transport, mais aussi des garages pour faire la vidange de sa voiture, etc… L’économie sociale et solidaire, limitée lorsqu’elle était seulement sociale et solidaire, va pouvoir se développer parce qu’elle va générer des économies.
Etre économe n’est plus un défaut.
« Acheter uniquement l’essentiel nous a mis mal à l’aise au début, puis l’économie a frappé une 2è fois. Dorénavant, attendez-vous à voir un consommateur qui réduit d’abord sa consommation, réutilise et recycle avant de se lancer dans une nouvelle frénésie d’achat. Le nouveau est désormais l’ancien. L’ancien est l’avenir. On trouve de nouveaux marchés pour le commerce des produits recyclables. La valeur se trouve partout, du grenier aux poubelles… »
Casser ce qui a été fait quelques années auparavant sans justification ne peut plus trouver grâce auprès des électeurs.
A l’échelle des collectivités, la stagnation voire le recul des ressources fiscales et des dotations de l’État, et surtout la difficulté d’accès à l’emprunt bancaire en raison des critères resserrés de la charte Gilsser, vont contraindre les exécutifs, et surtout leurs DG, à resserrer la voilure. Côté communicants, il va falloir l’expliquer.
Les électeurs sont de plus en plus en capacité de comprendre que le politique refuse un projet, une subvention, en le justifiant par la raréfaction des ressources financières et la recherche de l’efficience. Même si les premiers concernés ont toujours tendance à penser que leur projet est prioritaire sur le reste. Le politique va être appelé à dégager des priorités et à les justifier, ce qui peut recréer des différences entre partis, peut-être, entre personnalités, plus sûrement.
II – Ça donne à prendre en considération le besoin de reprendre pied
« L’imperfection a de l’avenir.
Photoshop peut effacer toutes sortes d’imperfections, le dentiste peut réparer un sourire et les cours particuliers aider un lycéen à réussir son bac. Dans ces conditions, comment reconnaître, apprécier et célébrer ces imperfections qui confèrent leur authenticité aux gens, aux lieux et aux objets ?
Le réel par l’ancestral.
C’est devenu une source d’inspiration dans la mode et le style et l’origine d’une « réalité du nouveau départ » dans la vie quotidienne. A la suite d’une aspiration à s’enraciner dans le vrai et l’authentique, l’ancestral est en passe de devenir l’ultime référence. L’origine – savoir d’où provient vraiment quelque chose ou quelqu’un » - deviendra une obsession dans notre monde de plus en plus virtuel.
On aime quelqu’un pour le défaut dans la cuirasse, celui qui nous rapproche de lui. La ville doit générer, en plus d’une dimension de service, une affectivité qui passe aussi par le fait d’assumer son histoire, son patrimoine et ses défauts et de les sublimer : de faire de son passé industriel le lieu de sa réorientation dans les nouvelles technologies par exemple, plutôt que de faire table rase et de repartir à zéro. Les villes nouvelles carton-pâte sont jolies, mais donnent-elles envie de s’y identifier, d’y vivre ?
Ralentir est un rêve pour le plus grand nombre, autant pour ceux qui ont adhéré à cette accélération que pour ceux qui ont été bousculés par le rythme du changement. L’accent sera mis sur une cuisine et une alimentation moins rapides, le ralentissement du vieillissement et l’approfondissement des relations humaines. On cherchera des sensations familières (couleurs, odeurs et sensations douces) pour contrer le rythme du « tout mobile ».
L’être humain va demander à faire des pauses, à reprendre la main sur le temps qui file à toute vitesse. Un sondage Opinion Way cité par M le Magazine du 29 décembre indique que « 64% des femmes trouvent que leur rythme de vie est trop rapide ».
Au-delà de l’étourdissement souhaité dans l’accélération technologique, l’Homme va se ré-interroger sur les bénéfices qu’il en tire. Il ne va pas rejeter en bloc la technologie, mais faire le tri entre ce qui améliore sa vie et ce qui la pollue. « Nouveau » ou « plus rapide » ne sera plus synonyme de « bon ». Il va y avoir de la remise à plat dans les listes d’applis ou d’amis facebook.
Dans cette direction, la première des 9 tendances marketing identifiées par Uniteam sera « l’expérience plus que la technologie : le storytelling des marques deviendra l’un des éléments majeurs de différenciation.
La confiance sera une autre tendance majeure : l’augmentation de la valeur ajoutée relationnelle sera l’enjeu principal des marques. Le développement du capital client sera la conséquence directe. L’engagement, la transparence, la conversation seront le triptyque à respecter pour arriver à générer la confiance. »
Le consommateur va se tourner vers des produits qui vont lui apporter un service, mais plus encore une émotion. Il va exiger la preuve de l’engagement et se tourner vers ceux qui ont donné des gages, de longue date, de leur fiabilité, au-delà d’un discours qui sera soigné en conséquence.
La fatigue (sous toutes ses formes) est ultra-tendance. Toutes sortes de diagnostics sont à la mode, mais aucun ne fait autant parler de lui que le syndrome de fatigue chronique. Quand on reviendra sur l’histoire de l’année 2013, cela sera peut-être l’année où la fatigue a pris racine et où nous sommes tous revenus à une approche binaire de la vie, sans soupapes de sécurité parce qu’il n’est question que de survivre ou de redémarrer. »
Issue de l’insécurité économique et de l’accélération technologique, la sensation de fatigue généralisée va contribuer à la remise à plat des procédures pour aller à l’essentiel, au tri dans les activités utiles ou pas, etc, pour être plus efficace. Mais une fois qu’on aura supprimé le superflu, sur quoi ira-t-on gagner la guerre économique ? Si on a comprimé le temps de travail et éliminé les temps morts, comment pourra-t-on gagner un surcroît de productivité ? Tout le monde appellera de ses vœux le retour de la pause café, qui apportait une respiration bienvenue pour mieux travailler ensuite, et générait un flux d’informations qui ne passe pas par intranet. A consommer avec modération, certes.
III – Ça donne à réfléchir à l’avenir des villes
Austin, Tokyo, Savannah, Pittsburgh, qui a basculé dans l’ère digitale et prospère dans la modernité et l’énergie. « Seuls les concepteurs de solutions locales et les créateurs urbains ont cru dans ces renaissances ».
Message d’espoir : les collectivités qui ont une vision, sauront convaincre de son bien-fondé, la mettre en œuvre, la financer, la faire partager (ça commence à faire beaucoup), peuvent espérer percer demain.
De nouvelles « supervilles » émergent. Les plus grandes villes deviendront encore plus grandes, avec plus de 15 millions d’habitants et les nouveaux problèmes qui en découlent (de la pollution au terrorisme) mais aussi la possibilité de nouvelles solutions. La plupart de ces villes « capitales »seront situées dans les pays émergents. »
Le constat vaut à l’échelle des collectivités françaises, et va être entériné par la recomposition du paysage intercommunal. Si les communes périphériques grossissent, y compris au détriment des centre-villes, elles ne font qu’étendre les agglomérations et nourrir les métropoles, où les ex-ruraux vont trouver la concentration de relations humaines et les services qu’ils attendent et que le rural ne pourra plus leur amener.
IV – Ça donne à envisager une économie de l’analyse et de la synthèse plutôt qu’une société de l’information
Uniteam relève parmi ses 9 tendances marketing la big data : « son avènement va accentuer la curation des données individuelles et collectives, la connaissance client va faire place à l’intelligence client dans une optique de simplification, d’appropriation et d’utilisation ». Ils y ajoutent le cloud et le mobile.
Ces trois dimensions rassemblées, l’enjeu de demain n’est plus l’information, ni l’accès à l’information. Chacun aura au creux de sa main toutes les données imaginables à l’instant T. Il va s’agir d’être efficace dans le traitement de cette information et de ne pas se noyer dans la masse des données de toutes sortes. Il ne s’agira plus d’apprendre, mais de dégager l’essentiel, de rapprocher les sources et croiser les apports utiles. Synthèse, priez pour nous.
On parie qu’un jour prochain, les jeunes Français passeront le bac avec leur ordinateur, charge à eux de tirer profit le plus efficacement possible du temps qui leur est imparti ?
« L’avenir de l’éducation : la formation permanente.
Demain, l’enseignement sera permanent et ne sera qu’à un clic. Les plus travailleurs verront l’éducation comme l’engagement d’une vie dans leur propre intérêt. Le savoir de pointe est désormais disponible gratuitement en ligne : l’instruction, c’est se connecter ou échouer. »
Donc résolution majeure pour 2013 : Lire cette chronique concrète, gratuite, instructive, tous les 15 jours !
Je vous souhaite une très belle année 2013, pleine de défis professionnels et de sérénité personnelle !
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