Communication publique, communication numérique, internet et réseaux sociaux, nouvelles technologies, management, marketing territorial, fonction publique, collectivités locales…

Imprimer

Second écran : l’interaction, nouvel avenir de la télé ?

Écrit par Yann-Yves Biffe.

Cette année, selon le cabinet IDC, les ventes de tablettes dans le monde devraient dépasser celles des ordinateurs fixes et celles des PC portables en 2014. A nouveaux outils, nouveaux usages, et le sacro-saint rendez-vous devant la télévision ne va pas y échapper. Les grandes chaînes développent des applications qui ouvrent l’ère d’une télévision enrichie, axée sur une interaction valable aussi bien avec le programme support qu’avec ses congénères téléspectateurs assis à l’autre bout du bar mondial !

Si le match de football France-Espagne a marqué le retour de l’intérêt du public pour l’Equipe de France, il a aussi marqué dans le monde des médias et de la télévision le développement du second écran. Le second écran ? C’est quoi ? Tout simplement l’usage de la tablette couplé avec le 1er écran, la télé. Même si TF1 s’est montrée assez discrète sur le sujet pendant le match, cette première a permis aux téléspectateurs équipés et qui avaient téléchargé l’application My TF1 Connect, de suivre en direct le match tout en s’abreuvant simultanément de statistiques. Une première dans la retransmission sportive grand public, précédée du lancement d’un dispositif sur The Voice, le télécrochet du 21è sicècle.

Le procédé n’en est qu’à ses balbutiements, mais toutes les chaînes y voient beaucoup d’avenir, même si elles ne savent pas trop comment en tirer des revenus pour l’instant.
Eric Scherer, directeur de la prospective à France Television, a publié sur Meta Media un article intéressant issu de sa participation et des études publiées lors du 2d Screen Summit au Consumer Electronics Show de Las Vegas.
Les chiffres publiés à cette occasion, en janvier dernier, font état de plus des trois-quarts des téléspectateurs américains qui regardent leur télé et un autre écran en parallèle, 40% le faisant chaque jour !
Sur leur 2d écran, ils consultent les réseaux sociaux à 46%, cherchent des infos supplémentaires sur le programme télé à 40 %… et font leurs courses en ligne pour 20% d’entre eux.

Soucieux de ne pas laisser des téléspectateurs hier captifs papillonner n’importe où, les chaînes reprennent donc la main et proposent une offre sur tablette répondant à deux attentes majeures : l’interaction avec le programme d’une part, l’interaction entre téléspectateurs ensuite.

Ca donne à prendre la main sur son programme préféré

La 1ère attente de l’internaute, avec son 2d écran… est justement d’utiliser son 2è écran pour rentrer dans le 1er… ou de façon moins imagée de pouvoir interagir avec son programme télé.
Il va pouvoir participer en direct. Ainsi Amaury de Rochegonde, dans Stratégies du 17 janvier dernier, rappelle que Mots Croisés, sur France 2, a remplacé les SMS par l’incrustation d’une sélection de réactions issues de Twitter et de facebook. M6, qui a développé un enrichissement on line pour 5 à 6 émissions, a constaté que «  ce qui fonctionne le mieux, c’est quand on propose de donner son avis ». Pour La France a un incroyable talent, un sondage invite ainsi l’internaute à se substituer au jury. The Voice pousse le principe un peu plus loin : « le telespectateur se voit offrir un 5è siège virtuel parmi les coachs de l’émission. A charge pour l’animateur Nikos Aliagas de tenir compte de l’internaute dans le déroulé de son émission en seconde partie de soirée ».
Le 2d écran peut aussi renvoyer l’ascenseur. CBS enrichit le contenu de sa série CSI en ajoutant sur internet des pièces à conviction et des informations sur l’environnement d’un personnage histoire d’augmenter l’implication de l’enquêteur sur son canapé.

Cette notion d’engagement est la première mise en avant par les chaînes. Le simple fait de donner un bonus d’informations sur un programme, comme les statistiques pendant un match, ne sont pas une fin en soi. Le téléspectateur est satisfait d’en savoir plus, mais il est surtout appelé à réagir à ces infos. Ce faisant, il va se mettre en rapport avec les autres telespectateurs connectés… et promouvoir le programme.

Ca donne à se retrouver au bar… dans son salon

L’autre ressort d’action va être la génération d’une communauté à même de créer une ambiance collective. La Fox parle, pour le sport, de « retrouver une ambiance de bar ».
Pour Microsoft, « le sport est le principal événement de la social tv ». La Télé réalité suit de près, puisqu’elle repose sur les mêmes émotions (émotion, suspens, dépassement de soi, rires et larmes…), devant les grands événements en direct. Bref, le genre de programme qu’on a envie de partager, sur lequel on veut critiquer, s’indigner (pas d’application pour insulter l’arbitre pour l’instant cependant), s’interroger, trouver des réponses… Tout cela devient possible avec le 2è écran, même quand on est seul dans son salon !

Les chaînes vont se féliciter d’une expérience plus forte pour leurs téléspectateurs… mais pas seulement. C’est aussi l’assurance qu’ils vont parler du programme entre eux, et attirer de nouveaux fans… et ainsi de suite. Ils vont même jusqu’à mâcher le travail aux internautes. Ainsi TF1 propose l’instant replay : la possibilité de couper 30 secondes d’une émission que l’on regarde et de partager cet extrait sur Twitter ou Facebook. La caisse de résonnance du programme s’en trouve décuplée et doit donner envie à de nouveaux téléspectateurs d’en regarder plus… si l’extrait a été bien choisi par l’internaute !

Un intérêt induit va être le développement, après leur quasi disparition, des émissions en direct. Elles donneront d’ailleurs plus matière aux incidents non préparés, qui eux-mêmes alimenteront les réseaux sociaux. Non mais allo ?


Pour conclure, on peut se dire qu’on va être touché rapidement à titre personnel, mais en quoi cela concerne-t-il les collectivités territoriales et leur communication en particulier ?
A vrai dire, je ne sais pas trop encore. D’ailleurs, personne ne peut prédire l’avenir dans le domaine, les chaînes avançant elles-mêmes un peu à tâtons. Mais dans ce champ, l’imagination est au pouvoir. Les collectivités vont-elles déployer ce genre de dispositifs pour accompagner leurs émissions sur des chaînes locales ? Vont-elles agréger des contenus supplémentaires et simultanés sur leurs vidéos de web tv ? Vont-elles travailler des modules de contenu spécifiques (chiffres-clés, etc…) destinés à être transmis aux téléspectateurs internautes qui suivraient un reportage ou une retransmission sportive qui concerne leur territoire ?
A vous de voir… et d’agir simultanément !